samedi 29 novembre 2008

LA VILLE DE PARIS REMUNICIPALISE SON EAU.

Qui dit pollution de l’eau dit nécessité de la rendre potable avant de la consommer !! Et c’est ici qu’interviennent les filières production et distribution de l’eau potable avec à la clé un marché lucratif pour les opérateurs privés auxquels la majorité des municipalités confient une délégation de service public pour la distribution (actuellement 3 Français sur 4 reçoivent leur eau via un opérateur privé). Mais est ce que les temps changent ?



Remunicipalisation des services de l’eau à Paris

Lundi 24 novembre, le conseil municipal de Paris a voté le retour de la distribution de l’eau en régie municipale. La ville de Paris va créer un établissement public industriel et commercial (EPIC) qui reprendra à partir de janvier 2010 les activités de production assurée actuellement par Eau de Paris une société d’économie mixte détenue à 70% par la Ville et celles de distribution confiées jusqu’à fin 2009 à Suez Environnement et Véolia. Ce choix est éminemment politique puisqu’il s’agit pour la municipalité de gauche de « soustraire au privé la gestion d’une ressource qui fait partie des biens communs et qui n’est pas une marchandise comme les autres ».Il permettra selon Le Figaro d’économiser 30 millions d’euros par an pour un chiffre d’affaires de 230 millions d’euros. Rappelons que la privatisation avait été décidée en 1984 par Jacques Chirac.

Régie municipale ou gestion privée ?

Le débat fait rage pour la région parisienne. Les élus de gauche minoritaires et des associations appellent au retour en régie municipale du Syndicat des eaux d’Ile de France (SEDIF) présidé par le maire d’Issy les Moulineaux, André Santini (nouveau centre) et qui confie la distribution de l’eau à 144 communes au groupe Véolia jusqu’à fin 2010. Le 11 décembre, la majorité de droite devrait
approuver le projet de reconduire le système de délégation au privé.

En France, un nombre croissant de villes sont tentées par la remunicipalisation de la distribution de l’eau mais seulement une cinquantaine ont franchi le pas dont une seule grande ville, Grenoble. Pourtant, il semble que ce système permet de réduire notablement la facture. Selon une étude de l’INRA de 2004, dans les villes de moins de 10 000 habitants, les prix étaient 15,2% plus élevés en gestion privée. Quant à l’UFC Que Choisir, elle dénonce régulièrement le manque de concurrence (en 2004, dans 28% des appels d’offres, une seule entreprise a répondu) et les surfacturations. Elle estime par exemple celles-ci à 96 millions d’euros pour un marché annuel de 300 millions au SEDIF. Par ailleurs, selon une de ses études, les villes pratiquant des prix raisonnables sont en régie municipale (Grenoble, Chambéry, Clermont-Ferrand, Annecy). Autres exemples, la Communauté urbaine de Bordeaux a obtenu fin 2006 plus de 230 millions d’euros de la Lyonnaise des Eaux (Suez Environnement) suite à un audit pointant les énormes profits de l’entreprise. La Communauté urbaine du Grand Lyon a elle, obtenu une baisse de 16% du prix de l’eau de Véolia fin 2007.
Malgré ces abus, l’eau en France est moins chère que chez ses voisins européens [voir l’étude
publiée par la FP2E (Fédération Professionnelle des Entreprises de l’Eau) en Octobre 2008].

Pour terminer en élargissant le débat à la planète, je voudrais signaler le reportage d’Irène Salina Pour l’amour de l’eau diffusé sur ARTE le mardi 18 novembre. Fruit de 3 ans d’enquêtes, il dénonce notamment la privatisation des réseaux d’eau encouragée par la Banque Mondiale au profit de quelques multinationales (dont 2 françaises) et ceci au détriment des plus pauvres. Mais l’eau représente la troisième industrie mondiale après le pétrole et l’électricité ; de plus, son caractère vital et sa raréfaction en feront à court terme la première ressource potentielle de profits au monde. Business is Business !!





lundi 24 novembre 2008

POLLUTION DE L'EAU PAR LES MEDICAMENTS

Dans un communiqué publié lundi 17 novembre sur son site Internet, le Ministère de la Santé fait le point sur les risques sanitaires liés à la présence de substances médicamenteuses dans l’eau. Ce communiqué fait suite à un colloque organisé le 1er octobre et intitulé « Résidus de médicaments dans l’eau : des molécules à surveiller ? des risques à évaluer ? »




Des molécules médicamenteuses dans l’eau

Ces résidus sont dus en majorité aux rejets émis tout au long du cycle de vie des médicaments, depuis la fabrication des principes actifs, leur utilisation en milieu hospitalier , leurs utilisations vétérinaire et domestique et la destruction des médicaments non utilisés. Concernant le traitement des eaux usées par les stations d’épuration, celui-ci ne permet pas d’éliminer toutes traces de molécules médicamenteuses qui se retrouvent dans la nature. Une partie des eaux épurées est réutilisée pour l’irrigation agricole, les utilisations industrielles, l’arrosage en milieu urbain ou la recharge de nappes souterraines. Il existe donc plusieurs voies d’accès pour les résidus médicamenteux vers les eaux souterraines et les eaux de surface. Hors, l’eau potable provient à 60% des ressources souterraines et à 40% des eaux de surface (rivières, lacs, réserves, barrages).

Des risques difficiles à évaluer.

Tout du moins pour l’homme car pour les poissons, des études ont montré que les poissons mâles de certaines de nos rivières se féminisent à cause d’hormones synthétiques issues de la pilule contraceptive !!
Les réglementations européennes et françaises relatives à la qualité des eaux ne prévoient pas de rechercher les médicaments lors des analyses d'eau. Cependant, des études ont été réalisées. Concernant les eaux utilisées pour la production d’eau potable et dans les eaux potables, une vingtaine de substances a été retrouvée à des concentrations variant de quelques nanogrammes à quelques centaines de nanogrammes par litre.
Les impacts humains ne sont pas connus, le domaine de recherche est neuf.

Mesures de prévention

En attendant, des mesures de prévention sont légitimes. Le Grenelle de l’environnement a proposé la mise aux normes de 600 stations d’épuration ; en Europe du Nord on envisage la création de stations d’épuration à la sortie des hôpitaux. Quant aux conclusions du colloque, celles-ci font émerger des actions à mettre en œuvre tel que la poursuite des études sur les milieux aquatiques, l’évaluation du risque sanitaire, l’amélioration des techniques de traitement de l’eau potable.

Pour en savoir plus

• Ministère de la Santé.

Les résidus de médicaments dans l’eau. 17 novembre 2008.

• Ouest France.
Les médicaments rendent les rivières malades. 21 septembre 2008.

• Académie Nationale de Pharmacie.
Rapport « Médicaments et Environnement ». Septembre 2008

dimanche 23 novembre 2008

MERCREDI 19 NOVEMBRE 2008 : JOURNEE MONDIALE DES TOILETTES

Je sais, cela a tout l’air d’une blague de potache et pourtant c’est très sérieux. Pour la huitième année consécutive a eu lieu le mercredi 19 novembre la journée mondiale des toilettes.

Origine



A l’initiative de cet événement se trouve une association humanitaire fondée en 2001 par un entrepreneur singapourien Jack Sim, la World Toilet Organization (WTO). Le but : améliorer les conditions sanitaires dans le monde.
La WTO – à ne pas confondre avec la World Trade Organization (Organisation Mondiale du Commerce) compte aujourd’hui 151 organisations membres dans 53 pays. Outre cette journée, elle organise tous les ans un sommet mondial des Toilettes et une exposition. Cette année, ceux-ci se sont déroulés du 4 au 6 novembre à Macao avec pour thème « l’assainissement durable ».
Pour cette journée mondiale, le thème est « nous méritons mieux ». Les toilettes méritent un meilleur statut, ceux qui les entretiennent méritent un meilleur salaire, et des millions de personnes méritent un meilleur endroit pour faire leurs besoins, résume la WTO.



Faisons des toilettes un objet important et désirable !!(WTO)

Un problème plus large

La WTO élargit le débat à l’assainissement c'est-à-dire à la possibilité pour les populations d’avoir accès à des dispositifs de base (toilettes, fosses, systèmes d’égout) permettant la gestion des rejets domestiques que sont les excréments et les eaux usées de ménage (eaux de cuisine, de lavage et d’hygiène corporelle) mais aussi leur retraitement.
Ce thème est souvent laissé de côté par les organisations qui s’occupent plutôt de promouvoir l’accès à l’eau potable et une meilleure gestion de l’eau.
Pourtant, les enjeux sont si importants que l’ONU a déclaré l’année 2008 « année internationale de l’assainissement »

La santé mondiale et le reste…


2,6 milliards d’êtres humains restent aujourd’hui privés des installations d’assainissement les plus élémentaires avec des conséquences désastreuses sur la santé. Les selles contiennent des bactéries dangereuses, des parasites et véhiculent des maladies. Ces déchets s’infiltrent dans les cours d’eau, contaminent les nappes phréatiques, les rivières, les sols et polluent l’eau consommée par les habitants et les animaux. Ainsi, les épidémies de maladies diarrhéiques sont favorisées et provoquent selon l’OMS plus d’1,5 millions de morts chaque année principalement des enfants. Et ce n’est qu’un exemple. Il existe de nombreuses autres maladies provoquant la mort ou des séquelles irréversibles. Globalement, 6,3% du nombre de morts sont liés à l’absence d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène (source OMS). D’où l’impératif d’atteindre parmi les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD) fixés par les Nations Unies en 2000, l’objectif N°7 qui vise à réduire de moitié d’ici à 2015 le pourcentage de la population qui n’a pas accès de façon durable à un approvisionnement en eau potable et à un assainissement de base.


Autre conséquence plus inattendue ; suivant l’Unicef, le manque d’installations sanitaires appropriées était une des premières raison de l’illettrisme des femmes dans les pays les moins développées, celles-ci étant contraintes de quitter l’école dès leurs premières règles

Bénéfices économiques et environnementaux

Atteindre l’OMD 7 en 2015 permettrait suivant l’OMS d’économiser plus de 84 milliards de dollars par an en diminuant les coûts de santé et faisant des gains de productivité (320 millions de jours de production gagnés chez les 15-59 ans, 20 milliards de jours de travail gagnés). Les bénéfices environnementaux seraient aussi importants avec une diminution de certaines pollutions.

Conseils de lectures

• WORLD HEALTH ORGANIZATION (WHO), PRÜSS-ÜSTÜN Annette, BOS Robert, GORE Fiona, BARTRAM Jamie. Safer Water, Better Health – Costs, Benefits and sustainability of Interventions to Protect and Promote Health .Geneva, WHO, 2008.

Nombreuses données chiffrées sur les conséquences du manque d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène pour différentes maladies ; mesures à mettre en œuvre ; coûts et bénéfices.

• UNITED NATION HUMAN SETTLEMENTS PROGRAMME (UN-HABITAT). Water and Human Settlements in an Urbanizing World. In UNITED NATIONS EDUCATIONAL SCIENTIFIC and CULTURAL ORGANIZATION (UNESCO). Water : A Shared Responsability - The Unite Nations World Water Development Report 2. Paris, UNESCO; New York, Berghahn Books, 2006, 28 p. Section 1, chapter 3, p.87.
ISBN UNESCO : 92-3-104006-5, ISBN Berghahn : 1-84545-177-5

Les défis de l’urbanisation en terme d’accès à l’eau et à l’assainissement : les enjeux, la gouvernance locale, les besoins, les moyens d’amélioration, les instruments de mesure des évolutions pour adapter les politiques.

• UNITED NATIONS CHILDREN’S EMERGENCY FUND (UNICEF). Progrès pour les enfants : un bilan de l’eau et de l’assainissement (No. 5). New-York, UNICEF, septembre 2006, 36 p.
ISBN-13 : 978-92-806-4051-9, ISBN-10 : 92-806-4051-8

La situation de chaque continent et de chaque pays vis-à-vis de l’OMD 7.

A voir

• VIDEO UNICEF SUR LA JOURNEE MONDIALE DES TOILETTES 2008